Sujet: Call me inresponsible ♦ Eold Ven 17 Oct - 21:04
Call me inresponsible
Jascianne de Dunharrow ♦ Eold Theoforson
Elle était posée là, sur son lit de fortune, dans cette sinistre auberge à se demander encore et encore quelle aurait été sa vie si cette guerre n’avait jamais exister. Serait-elle mariée à un noble par la volonté de son père ? Serait-elle déjà mère ? Partagerait-elle de bons moments avec sa bien-aimée petite sœur disparue ? Aurait-elle simplement eu un frère ou une autre sœur après Marziane ? Jascianne s’était construite seule, avait réussi à survivre dans l’enfer d’un bordel où ce monstre de Maudus l’avait envoyée à seulement quatorze ans. Dans sa tête à l’époque, tout avait été clair. Elle serait à jamais prisonnière de sa situation, elle finirait sa vie dans cet endroit peu recommandable. Et puis… il y avait eu cette conviction en elle qu’elle devait agir pour aider la résistance, renverser le tyran et par conséquent ce maudit assassin. Peut-être qu’elle récupérerait le domaine familiale, qu’elle pourrait y finir sa vie tranquillement avec pour seule compagnie une ribambelle de chats et d’autres femmes désavouées à jamais pour avoir vendu corps et vertu afin de survivre et d’aider à leur façon. Elle avait fait le deuil de sa maternité, réduit à néant nombre de petites vies qui avaient commencé à grandir en elle. Elle n’était pas la seule à le faire, c’était un mal nécessaire, elle ne souhaitait pas donné naissance à un enfant qui serait ensuite élevé sans père dans un bordel et livré à lui-même une fois adolescent. Et puis… et puis, il y avait eu ce jour où il lui était apparu. L'espoir du Rohan sous sa forme humaine. Pourquoi est-ce que son cœur avait failli à cet instant et s’était mis à désirer être tout ce qu’elle réprouvait dans ses bras ? N’être qu’à lui pour une poignée de seconde, comme pour une vie entière. Et pourtant, elle avait lutté, en vain, mais elle l’avait fait. Gardé le secret et tenté de faire comme si de rien n’était. Hélas, la vie est bien cruelle… une nouvelle fois, elle avait dû se débarrasser d’une vie et celle-ci lui pesait désormais. L’idée de n’être jamais destiné à autre chose qu’à sentir un homme en elle pour rester une coquille vide. Ses mains posées sur son ventre plat, une larme solitaire roula sur sa joue. À jamais, ce baiser offert de bonne grâce à son souverain l’avait changée et bouleversée. Aujourd’hui, elle se préparait à le voir à nouveau, s’intimant de rester froide et distante, mais sa volonté risquait fort de vaciller.
Décidée, elle se leva essuyant ses joues d’un revers des mains avant d’enfiler sa cape. Elle quitta sa modeste chambre, prévient son escorte de faire comme d’habitude et descendit à la fois pour prendre son repas emballer dans un linge en prévision du voyage et préparé sa monture. Elle s’élança alors dans le brouillard hivernal à travers les plaines enneigées et ce sans s’arrêté, jusqu’à l’orée de Fangorn. Cette entrevue, elle l’avait elle-même demandé par le biais d’un corbeau, mais maintenant qu’elle y était presque, la blonde s’interrogeait. Était-ce réellement une bonne idée ? Son regard balayait les plaines qui depuis s’étaient faites baignée de soleil avant de pousser en avant sa jument au couvert des arbres. Depuis le plus jeune âge de l’animal, elle l’avait fait marcher à Fangorn, de sorte qu’elle n’ait plus peur de s’y aventurer. Question de sécurité une fois de plus, un cheval seul attendant devant Fangorn aurait été bien trop imprudent. Lorsqu’elle arriva à proximité de la clairière, elle mit pied à terre, flatta l’encolure de l’équidé et fini de parcourir les quelques mètres à pieds. Fangorn en hiver n’était pas différente de ce qu’elle était le reste de l’année. Lugubre, sombre et inamicale, seule la blancheur de la neige changeait du tableau habituel. Jascianne resserra sa cape de fourrure autour d’elle et enfoui ses mains à l’intérieur de manches de sa robe afin de conserver un brin de chaleur. Ses yeux se posèrent sur le sol qui la dernière fois qu’elle s’était tenue-là était recouvert de cadavre. Maintenant, seule une pellicule de neige en faisait de même.
L’attente fût cependant moins longue que lors de leur précédente rencontre. Probablement qu’il connaissait désormais mieux le chemin. Le bruit des pas dans la neige lui parvient aux oreilles et malgré tout, elle se mit en condition pour répliquer en cas d’attaque. Pourvu qu’aucun Izzal-Din ne se montre en ce jour, il ne serait pas aisé de trouvé une explication valable à sa présence dans cette forêt par un temps et une saison pareil. Enfin, la source des pas se montra dans la clairière et Jascianne pu baisser sa garde en reconnaissant l’homme qui la hantait depuis plusieurs semaines, identique à ses souvenirs. La matrone exécuta une légère révérence pour le saluer. « Monseigneur. » se redressant alors, elle posa ses yeux sur lui. « Je suis ravie de vous voir en bonne santé. » Ce n’était pas réellement ce que son cœur voulait lui dire, mais elle se devait de garder la tête froide, réfréné ses désirs et ses rêves aux allures de chimères.
Sujet: Re: Call me inresponsible ♦ Eold Lun 27 Oct - 16:03
Entourée d'une épaisse cape de fourrure, Eold parvenait encore à frissonner sous celle-ci. Le froid s'insinuait partout où il le pouvait et le Rohirrim n'avait pas souvenir d'avoir vécu un hiver aussi rigoureux depuis bien longtemps. Que faisait il à l'extérieur par pareil temps ? Lui même se posait la question en vérité. Mais la tentation de la revoir fut bien trop forte et si celui qui occupait le poste de messager pouvait de nouveau assurer ses fonctions, il lui avait expressément demandé de lui laisser l'honneur de le remplacer s'attirant ainsi des regards curieux et étonné. Certes, il était bien connu que le fils de Theofor avait une tendance à ne pas tenir en place, mais au point de demander une faveur à un simple messager... Voilà qui était bien étonnant. Le fait est qu'Eold ne parvenait pas à se sortir cette jeune femme de l'esprit, son cœur battant sa cage thoracique à chaque fois qu'il repensait à ce baiser. Un baiser qu'ils avaient échangé avant de se séparer sans grand espoir de pouvoir se revoir un jour.
Les sabots de Celiviel s'inscrivait dans la neige épaisse avant d'arriver à l'orée de la forêt de Fangorn. Là Eold abandonna une nouvelle fois son Méaras, ses bottes s'enfonçant de moitié dans ce tapis blanc et glacial. La fourrure qu'il portait traçait un chemin dans la neige. Difficile d'effacer ses traces, mais il n'avait guère d'autres choix. Il se hâta donc de rentrer sous le couvert des arbres en espérant que personne ne viendrait à le suivre ensuite. Le Rohirrim trouva bien plus aisément son chemin qu'auparavant, même si la saison n'était pas la même et qu'elle modifiait profondément le paysage. L'entrée de la clairière n'était plus qu'à quelques pas. Il se demandait s'il ne vaudrait pas mieux changer de lieux pour leurs futurs échanges d'informations... Celui ci étant désormais bien moins fiable. Eold scruta les alentours et alors il la vit plus loin, toujours aussi belle. Il ne l'avait pas oublié malgré les deux mois qui étaient passés. Son cœur manqua un battement mais il parvint à garder tout sa dignité malgré ses lèvres roses qui l'attiraient imperceptiblement. "Madame." Il s'inclina légèrement en gardant quelque peu ses distances même s'il ne réagissait pas par instinct. Alors certaines inquiétudes germaient dans son esprit peu à peu. Si ce baiser n'était qu'une sorte de trophée pour elle ? Ou en tout cas si cela n'avait été poussé que par un besoin viscérale et animal ? Mais il se reprit rapidement. Jascianne de Dunharrow ne pouvait pas être ce genre de femme après tout "Et moi donc madame. Je craignais qu'il vous soit arrivé quelques ennuis par ma faute. Je ne me le serrais guère pardonné si cela avait été le cas."
Sujet: Re: Call me inresponsible ♦ Eold Mar 28 Oct - 9:37
Call me inresponsible
Jascianne de Dunharrow ♦ Eold Theoforson
Jascianne détourna les yeux aux bouts de quelques secondes à soutenir le regard de son souverain et se préoccupa de la neige. Ses doigts jouaient nerveusement les uns avec les autres, cachés dans les manches de son long manteau. Elle n’aimait pas être ainsi acculée par des sentiments qu’elle jugeait déplacé, car le bon sens voulait qu’elle cesse immédiatement de s’imaginer vivre avec cet homme inaccessible. Certes, il était là devant elle, elle n’avait qu’à faire un pas, se hisser sur ses orteils, se saisir de sa nuque et replonger dans la douceur accueillante de ce trop court baiser. Cependant, elle se gifla mentalement pour réfréner cette envie qui se faisait pressente en son sein. Dans sa tête, elle poussait la rengaine infernale qui la maintenait à distance : ‘je ne suis qu’une matrone, une prostituée, je ne mérite pas d’égard affectueux.’ Courageusement, elle releva la tête pour regarder à nouveau l’apollon qui se tenait face à elle. « Vous ne devriez pas avoir tant d’égard pour une femme de ma condition. Vos conseillers pourraient vous le reprocher et je ne pourrais les en blâmer. » Ô bien sûr, elle n’avait pas cherché à être ce qu’elle était à la base, tout cela était la faute de ce maudit enfoiré de Maudus. Elle avait simplement œuvré pour sa survie et pour aider la résistance par la suite, même si ça n’avait pas été prévu à la base. Peut-être alors que oui, elle s’était volontairement fermé à un avenir plus doux et radieux, mais avait-elle eu le choix ? Entre finir mère adolescente, engrossée par un vieillard répugnant qu’elle aurait été forcé d’épousé et de volontairement céder son corps aux hommes de passages qu’elle ne reverrait jamais, mais en pouvant se rendre utile, elle avait choisi ce qui l’incommodait le moins.
Enfin, il était temps de passer aux choses sérieuses et surtout au pourquoi elle avait ainsi fait venir à elle un membre de l’alliance. « Je crains que ce ne soit la dernière fois que je peux transmettre des informations avant le printemps, d’où l’urgence de ma requête. » En effet, la neige encombrait déjà les routes du nord et semant des ravages aussi bien d’un point de vue naturel qu’humain. Elle porta ses mains à son haut et retira de son décolleté la même liste que deux mois auparavant. « J’aimerais cependant, attirer votre attention sur ce nom. » Dit-elle en déroulant le parchemin et en pointant du doigt la personne mentionnée. Elle réduisit donc l’écart entre eux en se posant à côté de lui afin qu’il puisse lire sa petite écriture serrée. « Cette jeune personne n’est pas acquise à proprement parler à la cause Izzal-Din, elle est manipulé comme j’aurais pu l’être si je n’avais pas fini dans un bordel. Si, vos hommes l’attrapent, je vous en conjure ne lui faites pas de mal, ce n’est qu’une enfant. » L’instinct maternelle pourtant refoulé depuis nombres d’années refaisait surface sans qu’elle puisse le combattre. Elle pointa un autre nom dans la liste, mais pas pour la même raison. « Celui-ci, faisait route pour le Rhovanion, j’ignore ce qu’il est advenu de lui. C’est un homme grand, blond et il a une cicatrice sur l’épaule gauche. C’est un assassin renommé dans le coin, méfiez-vous. »