N’y-a-t-il rien de plus beau et de plus doux que deux corps enlacés nus dans un lit, éclairé par la pâle lueur de l’aube perçant à travers des volets clos. Pour Eothain à part le vin, il n’y avait rien de comparable, mais en cette matinée, il risquait d’avoir une sérieuse surprise. Un léger grondement raisonnait dans son crâne, synonyme d’une bonne dose d’alcool ingérer la veille, mais pas assez pour tout oublier. Le Rohirrim ouvrit les yeux et se surpris à reconnaître les murs de sa modeste chambre de soldat. Une première surprise assurément, lui qui avait plus l’habitude de se réveiller dans les chambres des bordels de la ville ou sur le sol des auberges, voir sur le trottoirs, car jeté dehors ivre mort par le tenancier. Ceci dit, il se souvient d’être allé boire avec Beren et d’être rentré pour le dernier verre. Battant des paupières, il voulut s’étiré et frôla un autre corps allonger dans son lit. Deuxième surprise. Il n’avait pas souvenir d’avoir ramené de la compagnie avec eux hier soir. Alors, il se tourna sur son côté et… troisième surprise, c’était son ami d’enfance qui se trouvait là encore endormi et dans sa plus simple tenue. La soirée avait vraiment dû beaucoup déraper pour qu’ils en arrivent là non ? Eothain se redressa alors dans son lit, les yeux dans le vide en essayant de remettre de l’ordre dans ses souvenirs embrumé par l’alcool. Il avait toujours trouvé que l’homme de Dale était séduisant, mais au point de finir dans ses bras pour une étreinte charnelle ? Visiblement oui. Il ne savait visiblement pas tout sur lui-même et quelle curieuse façon de découvrir le fond de soi qu’en se réveillant après une nuit arrosée, allongé nu avec son ami dans son lit ! Boarf, il n’en ferait pas tout un mystère ou une scène bien loin de là. Ce qui était arrivé, était arrivé, le seul point nébuleux c’est que son cerveau ne s’était pas encore remis de la dose d’alcool et par conséquent qu’il n’avait aucune idée de son ressentit sur cette étreinte masculine. Il devait avoir l’air bien fin, les yeux ainsi rivé sur Beren sans pour autant le voir. Ce dernier étant désormais réveillé, il le fixait de même, mais il fallut encore quelques secondes à l’homme du Rohan pour s’en rendre compte. Une fois revenu sur le plancher des vaches, il haussa un sourcil. « Bonjour… bel endormi.» Lança-t-il sur un ton suave. Ne sachant garder son sérieux plus longtemps, Eothain éclata de rire avant de se laisser retomber allonger contre son coussin en regardant le plafond, quelque peu incapable de ne pas rire pendant un moment. Enfin, il parvient à reprendre souffle et contenance, ainsi il put regarder à nouveau Beren. « Qui aurait cru hein ? » Sûrement pas lui, du moins avant aujourd’hui. Allez savoir ce que l’autre mâle du lit allait pouvoir lui répondre maintenant. Il faut dire qu’ils étaient peut-être amis, mais il ne savait sans doute pas tout à propos de lui et il y avait de quoi. Il était connu qu’Eothain avait rarement sa langue en poche, qui plus est lorsqu’il est totalement mort saoul, ce qui est le cas à peu près tous les jours. Comment ça il finirait par mourir d’une maladie du foie ? Peut-être que oui, peut-être que non. En attendant, ils s’en souviendraient de cette fête pour la promotion de Beren, c’est moi qui vous le dis !

Il aurait du dire non à son meilleur ami, il savait combien il leur était facile de dépasser les limites lorsqu'ils étaient ensemble et traînaient dans les bars et tavernes de Dale mais la nouvelle se devait d'être fêtée dignement comme l'avait souligné ce dernier. Juste un autre prétexte pour Eothain d'aller passer sa soirée là-bas, Beren le savait bien mais pour une fois il n'allait pas dire non lui qui s'était plus ou moins déjà résigner à devoir suivre le chemin que ses parents avaient prévu pour lui. Une vie complétement à l'opposée de celle dont il rêvait depuis toujours, faite de combats et d'aventures. Celle-là même qu'il s'était vu offrir la veille par Elendil. Oh certes il ne serait que son écuyer mais c'était déjà bien mieux que de devenir marchand comme ses parents. C'était donc une soirée spéciale pour lui puisqu'à présent il pouvait faire une croix sur le fait de devoir reprendre le commerce de ses parents ainsi qu' à une vie bien rangée et monotone, qui l'aurait sans doute rendu fou ou aigri bien avant l'âge.

Alors bien sûr, à peine arrivé dans leur taverne favorite, l'alcool commença à couler à flot. Chacun y allait de sa tournée pour fêter sa promotion et forcément ils se faisaient remarqué en étant bruyants et tout ce que vous voudrez. Après la troisième ou quatrième taverne, les choses étaient devenues un peu plus confuses dans son esprit et pour sûr, bien plus intéressantes d'un point de vu personnel. Il faut bien dire qu'il avait un physique avenant et qu'il le savait mais il savait aussi que les femmes ne l'attirait pas vraiment. Même s'il le ne criait pas sur tous les toits bien entendu, il ne tenait pas à mettre sa famille dans l'embarras, pas outre mesure en tout cas à présent qu'il était clair qu'il contrecarrait leurs plans pour son avenir. Ca ferait sûrement jaser mais il ne pouvait pas vraiment s'en soucier et après la énième pinte de bière, disons qu'il était clair qu'il n'était plus en état de maintenir une pensée cohérente pour éprouver la moindre once de remord à ce propos.

C'est sans doute pour cette même raison qu'il n'avait plus vraiment le moindre souvenir des événements qui s'étaient produits après qu'ils aient quittés leur dernier repère de la soirée et pourquoi il était encore endormi pour le moment, cuvant son alcool sans avoir la moindre idée de ce qui l'entourait ou de qui se trouvait à côté de lui. En tout cas il sentait bien la chaleur d'un corps prés du sien et il se doutait que la soirée avait du se finir de la sorte. Sortant peu à peu de son sommeil, il revint assez rapidement à lui-même -et ce malgré une tête encore à moitié dans le cirage- et reconnu Eothain sans mal. Ainsi donc c'était avec lui qu'il avait fini la nuit ? Ils avaient sûrement vraiment trop bu car à ce qu'il savait, son ami d'enfance ne donnait pas de ce bord là. Mais il devait admettre qu'il était loin d'être désagréable à regarder et visiblement, il ne s'offusquait pas plus que cela de se retrouver là, nu comme un ver avec lui à l'entendre le saluer de la sorte, émergeant lui aussi. « Pas étonnant qu'elles tombent toutes sous ton charme. » répondit-il avec un léger sourire au coin des lèvres. Il le suivit dans un rire franc, ne pouvant garder son sérieux plus longtemps vu les circonstances. Après un moment, ils parvenaient enfin à se calmer, retrouvant leur souffle. Il jetta un coup d'oeil à l'homme allongé à côté de lui après que celui-ci reprit la parole et plaça une de ses mains sous sa nuque, fiwant le plafond à son tour. « Je ne dirais pas que je n'y ai pas pensé mais dis-toi que tu aurais pu tomber sur pire que moi. »