Tout était noir. Si noir. La petite fille était recroquevillée sur ce qui était un semblant de paillasse. Sale, puante et manger par les mites. Les cheveux emmêlés, les yeux rougit par les larmes. Sa peau pâle était recouverte de crasse. Elle ne comptait plus le nombre de jour depuis longtemps. Quel âge avait-elle ? Elle n’en savait rien. Cela aussi elle avait cessé de compter. Tout était devenu interminable. Les jours, les semaines, les mois, les années. Enfermé dans cette cellule grise, sale et nauséabonde. Elle n’avait pas vu la lumière du soleil depuis longtemps. Elle ne savait même pas à quoi ressemblait le monde dehors. Enfermé, prisonnière et torturé.
Son corps se transformait sans qu’elle sache pourquoi. Il n’y avait pas très longtemps, elle s’était éveillée avec une douleur dans le ventre. Rarement elle avait aussi mal et après, son corps avait saigné encore et encore. Du sang qui coulait le long de ses jambes. Pendant une semaine, cela avait duré sans que la petite fille brune ne sache pourquoi. Elle avait cru mourir mais cela avait fini. Elle était toujours vivante. Pourtant elle priait Iluvatar de lui prendre sa vie pour que son enfer finisse. Elle voulait sortir de là. Elle voulait respirer un air pur. Elle voulait voir le soleil briller dans un ciel bleu. Elle voulait voir la lune lui sourire entouré par des milliers d’étoiles dans un ciel d’encre. Elle voulait sentir le vent sur son visage et le sentir secouer sa tignasse noire. Elle voulait sortir.
Plusieurs fois, elle avait supplié les gardes de la laisser sortir mais que des coups lui avait répondu. Des coups sur son petit corps, sur ses mains quand elle s’agrippait aux barreaux de la porte. Douleur. Larmes. C’était son quotidien. Et parfois des visites. Des visites peu charmantes. Elle suppliait à chaque fois et à chaque fois, les coups pleuvaient en réponse. Ou alors on s’amusait à lui faire peur. Des araignées. Des chiens énormes bavant avec des crocs immenses ou autres animaux effrayants. L’enfant voulait que cela s’arrête mais jamais cela ne finissait. La peur. Rien ne venait la réconforter forçant les cauchemars à hanter ses pauvres nuits. Elle avait peur de dormir. Peur de rester éveillé. Même ses souvenirs n’étaient que cauchemar. Elle avait peur en permanence. Elle avait mal en permanence. Elle attendait que quelqu’un vienne la sauver, mais cela ne viendrait pas surement. C’était un rêve d’enfant, c’était sans espoir.
En position fœtal, ses bras autour de ses genoux, son front posé sur le sommet de ses genoux, à se balancer d’avant en arrière. Attendant que les semaines passent, que les jours passent, que les heures s’écoulent, que les minutes s’évaporent et que les secondes s’envolent. Elle attendait que le monde l’emporte vers d’autres rivages plus prometteurs. Elle, la fille du maréchal ferrant.
« Cours et ne te retourne pas. » Elle aurait dû le faire. Le faire jusqu’au bout, jusqu’à ce que ses pieds saignent à force de courir qu’elle soit hors de porte de ses hommes venus tuer des résistants, des rebelles au Roi noir comme l’appelait son père. Elle ne se souvenait même plus de son visage, juste de sa voix répétant inlassable
« cours et ne te retourne pas ». Cette phrase la hanterait jusqu’à sa mort.
Elle entendit le grincement des gongs de sa cellule, signifiant que quelqu’un pénétrait chez elle. Elle leva ses yeux rouges vers son visiteur. Un inconnu au bataillon. Mais son visage ne lui était pas inconnu. Elle l’avait déjà vu. Où ? Sa mémoire se mit à refaire tout le chemin jusqu’ici. Et elle se souvint. L’homme aux yeux bleus l’avaient conduit devant lui. Il lui avait demandé son nom et qui était son père avant de l’envoyer ici. Dans sa cellule. Que voulait-il d’elle ? Alors d’un ton suppliant elle répéta les seuls mots dont elle était capable de dire depuis quelques temps.
« S’il vous plait…Laissez-moi partir… Je veux rentrer chez moi… » code by mirror.wax